Les deux balcons

Publié le par vince

Kiss Them For Me ( - Stanley Donen 1957)

 

 

 

 

 

Le balcon gai

 

Premier balcon, un bol d'air.

 

Une ambiance de fête concentrée et joyeuse, parsemée de détails vrais (figurants animés, préparatifs et uniformes de déconne) et de positions de retrait, de replis (Cary Gant et Suzy Parker accroupis devant le juke box, réfugiés dans le tramway). Elégance de Cary Grant, entrain de Jayne Mansfield, couleur des mouvements de foule, champagne, air de la ville (ample largeur du Cinemascope), chaleur d'une étreinte et d'une ambiance conviviale, d'un intérieur dansant (figurants, glissades, douceur de vivre) et épreuves surmontées (retour à la guerre des soldats requinqués). A ce premier niveau de lecture, l'honneur est sauf; sauf qu'il y a un trop grand respect de l'uniforme et des conventions derrière modèle us tourné en dérision. Il faut refaire un tour sur le balcon.

 

Le balcon triste

 

Deuxième balcon, un pincement au coeur de deuil. Stade de la séparation (titre et générique)

 

Dans le même élan, le même plan ou la même scène c'est l'amertume, une atmosphère grise de fin de la fête qui pend au nez, le rappel de la guerre. Tous évoluent dans la précarité et le ratage environnant. Il y a trop d'air froid entre les personnages (cadrages amples, caractère forcé/artificiel de la figuration et vraiment triste de Jayne Mansfield - apparence fausse et sentiments vrais de travailleuse de l'arrière = mélange déstabilisant). Les seuls gros plans sont pour des larmes et des baisers avortés. Il ne ressort en dernière instance qu'acidité (attaques de Julius Epstein contre profiteurs de guerre, tension bilieuse de Leif Erickson) et gâchis (amitié éclatée, détente compromise, Grant trop vieux, Parker trop pâle, Stanley Donen avec les jambes liés). Un blocage général de l'attente forcée s'abat sur tous (mauvaise époque, obligations, vague à l'âme dans les étreintes). Et le film se transforme en chanson triste, petite musique en sourdine (jambes trop longues pour danser, mains liées, pas de répit laissé par le travail de la guerre, de la paix, de l'amour, de la politique, de l'argent). Tous sont seuls même lorsqu'ils croient être ensemble (balcon à la fin, séparation, côte à côte sur le lit).

 

 

 

 

 

 

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