Papillonner

Publié le par vince

L' avventura ( - Michelangelo Antonioni 1960)

 

 

 

 

 

 

Il faut avoir l'air de faire du cinéma même si ça signifie papillonner autour des acteurs, autour des histoires, autour des plans. Les cadrages ou plutôt les décadrages sont parfois réussis en soi mais sans interdépendance. Un manque d'énergie et de conviction prédomine: "je n'ai pas envie de suivre les pistes, de terminer une scène. J'ai envie de prendre mon temps. J'ai envie de filmer encore un peu la mer et puis un dos et puis Monica et puis non je vais faire un tour en train puis en ville puis dans une belle villa et puis zut je m'arrête…" 

 

C'est une attitude snobe qui correspond à celle des personnages (doutes, errances, hésitations, disparitions, beaux habits, refus de se fixer) et signifie aussi une attitude de spectateur et de mépris des autres; portrait des autochtones siciliens). L'attitude n'est pas justifiée pour autant car elle détruit la cohérence du projet par une saupoudrage de petites idées inconséquentes (gros plans, décors vides, et des ruines et des villes et des îles et Monica et Monica et Monica). Ce qui signifie renoncement à tout recul, à toute intelligence et à toute vision d'ensemble. Le film se met au niveau des égoïstes et des crétins jouisseurs qu'il prend pour personnages: tous prêts à l'adultère, tous vautrés dans des attitudes distinguées de spleen et des recherches des autres et de soi qui confinent à l'absurdité.

 

 Une fois supprimées les élégances superficielles c'est l'histoire une salope qui pique le mec de sa copine lorsqu'elle disparaît, s'en veut un peu puis pleure de se voir faire la même chose et enfin pardonne en le retrouvant éploré. La vision du monde développée envisage l'homme comme un minable et la femme comme une dinde et s'en satisfait. Ce n'est pas vraiment du cynisme. Le film les trouve très jolis comme ça, bien embourbés en restant chics. Il ne s'intéresse qu'au marbre et à l'ancien (rochers, palais, visages), au cinéma comme l'art survivant au ravages du temps Il dit: "admirez mon marbre car il restera". Mais rien n'en reste qu'une forme creuse, du vide au carré. L'habileté de mise en scène lors de la présentation sur le bateau est vaine car il ne sait rien en faire: les petites touches de critique d'une jet set romaine cosmopolite sonnent faux en plus d'être des excuses pour une complaisance envers les petits états d'âme qu'il met sur un piédestal.

 

Le résultat crie l'impuissance alors que les éléments sont là sur le papier: l'idée de confondre architecture et nature, les acteurs à peu près bons, l'élégance du cadre déjà évoquée. C'est un péché d'orgueil que trahit l'ensemble, très sûr des éléments qui le composent. Il faut s'extasier devant Vitti faisant la fofolle. Dites: "Quel sens de l'humour/de la mode! Qu'elle est mignonne !". Ces éléments sont objectivement (décors appauvris, dialogues très mauvais, musique timide) et poétiquement (pas de dimension fantastique, l'existentialisme asséné entre autres détails très subtils par la bible opposé à Scott Fitzgerald) nuls.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

avven-copie-1.png

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article