Un monstre de cinéma

Publié le par vince

The Fiend who walked the West ( - Gordon Douglas 1958)

 

 

 

 

 

Le personnage de Griffin est un vampire. Il cherche à profiter de tous pour son plaisir. Il accapare l'écran, efface ses partenaires, demande à son interprète un jeu si appuyé et si anti-naturaliste qu'il s'y perd complètement (ridicule ? génial ? les deux ? comment savoir ?). Ses caractéristiques psychologiques chargées (pulsions meurtrières et sadiques, colères, misogynie extrême, complexe d'Oedipe +++)  augmentent ses qualités de monstre de cinéma: bouche ouverte+ maniérisme du morceau de bois mâchonné+regard perçant+tremblements+accent traînant+élégance et minceur juvéniles = Ricky Nelson+Norman Bates… 

 

Il tombe à la renverse sous cette charge d'éléments qui bousculent sérieusement le western/film noir (musique vibrante, couleurs devenues un noir et blanc funèbre comme un brassard de deuil) en le tirant vers le récit horrifique: le jeu sur les ombres renforcé pendant le hold-up et dans les cellules, les attentes nocturnes sous des fenêtres, l'angoisse de Linda Cristal, la rage contenue par Hugh O'Brian qui se défoule autant sur les murs que sur Griffin à la fin et surtout les flambées de violence explicite ou implicite (blessures de Miss May et son corps reposant sur un chariot, coups de lasso et gifles, flèches décochée à la vieille femme et coup de fusil, lampe brisée, approche silencieuse de la petite fille, tension grimpante autour d'une table… Le récit est construit autour de lui et singulièrement contre lui (le héros est son opposé physique et les événements sont organiser pour lui nuire, les entreprises de la justice et les rêves paisibles de la famille font contre-poids…). Et sur le même plan la mise en scène n'a de cesse de le contenir comme un fauve en cage (la contre-plongée dans la cellule, le visage coincé dans un gros plan où il est giflé…) en lui laissant juste assez de liberté pour effrayer le badaud (à-côté des poteaux de bois, dans le fond du cadre lisant puis jouant avec la petite fille, tirant depuis une colline sur l'adjoint du shérif…) avant de le remettre en lieu sûr (dos-à-dos avec le héros au tribunal, seul sur le chantier des prisonniers, la tête contre le carrelage du saloon…).

 

 

 

 

fiend
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